Les futures élections européennes approchent, les mandats se terminent donc pour de nombreux acteurs. La fin d’une législature implique toujours une multitude de dossiers à traiter dans l’urgence : glyphosate, directive pesticides “SUR”, directive IED,… Difficile de s’y retrouver et de pouvoir suivre tous ces sujets aussi complexes qu’importants pour le monde agricole. La FUGEA revient sur deux dossiers récents qui témoignent, une fois encore, du manque de cohérence des politiques européennes et du mépris des agriculteurs et agricultrices engagés dans une agriculture durable.
Premièrement, ce mercredi 22 novembre, le Parlement Européen a voté en faveur (524 pour, 85 contre, 21 abstentions) de l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et la Nouvelle-Zélande (voir notre article p. 3). Cet accord vise à faciliter en Europe l'arrivée de milliers de tonnes de pommes, viande ovine et bovine, fromages, lait, ... Pour terminer dans nos assiettes, après avoir parcouru 20 000 km. Un pays où des produits phytosanitaires depuis longtemps interdit en Europe sont encore utilisés, comme l’Atrazine. Lors du vote pour valider cet accord, seuls 3 députés wallons ont refusé ce texte (Benoit Lutgen, Pascal Arimont et Marc Botenga). Tous les autres députés wallons siégeant à l’Europe (Maria Arena, Saskia Bricmont, Olivier Chastel, Philippe Lamberts, Fréderique Ries et Marc Tarabella) ont accepté ou se sont abstenus face à un accord complètement anachronique par rapport aux enjeux actuels de notre société, comme la lutte contre le changement climatique.
La FUGEA a toujours été consciente de la nécessité d’améliorer nos modes de production ici, chez nous. Mais comment continuer à faire des efforts pour une agriculture durable si nos députés européens nous sabotent et nous mettent constamment en concurrence avec des produits qui ne répondent pas aux mêmes normes que les nôtres ?
Autre vote du mois, autre désillusion : celui sur le cadre de certification de l’absorption du carbone (CRCF) ! Les députés européens viennent d’ouvrir une boite de Pandore qui trace la voie du développement du Carbon farming, avec une panoplie de dérives potentielles sur notre secteur, comme un impact sur le prix du foncier, l’immobilisation des pratiques ou la financiarisation du métier. Pire que ça, nos décideurs et décideuses politiques nagent dans le délire d’une agriculture
qui compenserait les émissions des autres secteurs alors que c’est scientifiquement impossible !
Ce mois de novembre nous laisse un goût amer. La FUGEA avait appuyé la nécessité d’une stratégie globale comme celle proposée par la stratégie de la « Fourche à la fourchette », tout en insistant pour que cette dernière soit concertée avec les agriculteurs et agricultrices, appuyée par un budget conséquent et accompagnée d’outils et de politiques cohérentes. Force est de constater que ça n’est toujours pas le cas...
Malgré ces constats moroses, toute l’équipe de la FUGEA vous souhaite des fêtes lumineuses, aux saveurs de nos produits locaux (bien entendu !).